Effets des raticides sur l'écosystème (compilation de Florent LAMIOT)

 

+ je tiens à disposition photos  de divers rats (rat des villes) trouvés morts et momifiés dans tuyaux, gravats, sous des buches plusieurs mois après une campagne d'empoisonnement sur berge de rivière (à la même époque les chats du quartier et les poules d'eau ont disparu)
- Sanitairement parlant, on peut se demander s'ils ne sont pas aussi dangereux morts que vivant (et ca pue comme je n'imaginais pas)
- ci dessous un peu d'info sur rat musqué, rat gondin, campagnol et problèmes posés par la lutte chimique.
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parmi les infos dont je dispose:

 

L'INRA a développé il y a quelques années un produit destiné à l'empoisonner les rats musqués (Bromadiolone), qui est efficace, mais qui laisse toujours quelques survivants qui se reproduisent rapidement.
Ce produit est d'autre part susceptible de gravement contaminer la chaîne trophique et notamment d'atteindre les rapaces (déjà gravement atteints par la contamination de la chaîne alimentaire par les PCB, les pesticides, les métaux lourds dont le plomb absorbé avec les proies contaminées par le plomb de chasse
qui est confondu avec le gritt).
Un effet pervers peut être aussi de parfois laisser la niche écologique disponible à d'autres espèces dites "nuisibles", par ex au Ragondin dont la voracité et la nuisibilité est bien plus importante (Cependant le ragondin qui est originaire de l'Amérique du Sud et qui a aussi été introduit volontairement en Europe, a des populations qui se réduisent très fortement à chaque hiver froid. Le climat du nord de la france ne lui est pas très propice, mais au sud, il apprécie).

 

Bien entendu, il semble souhaitable de protéger ou réintroduire des prédateurs capable de réguler ces populations, mais souvent, les conditions (pollution, chasse, piégeage, empoisonnement, contexte sociopsychologique) ne semblent pas réunies pour permettre leur survie. (Dans le massif central et quelques
régions la loutre a rapidement recolonisé certains territoires, dès que les conditions de sa survie étaient réunies.)

 

Le piégeage reste donc souvent la moins mauvaise solution, pour être efficace, et ne pas faire inutilement souffrir les animaux, le MNHN recommande qu'il soit sélectif, assuré par des piégeurs ayant une bonne connaissance des milieux dans lesquels ils opèrent, avec des pièges sélectifs posés sous l'eau (rat musqué
et ragondin), et surtout pas de pièges à mâchoire.
Je ne sais pas où ils en sont, mais il y a quelques années les services techniques de quelques villes allemandes dont stuttgart réfléchissaient à comment mieux utiliser les renards, belettes, fouines et autres petits prédateurs urbains pour mieux lutter contre les rats, qui semble t il ont une certaine capacité à éviter après un certain temps certains pièges et poisons.

 

ce problème soulève des questions plus générales :
-  questions éthiques
- en amont : problème des introductions volontaires ou involontaires d'espèces étrangères à un milieu (ca continue avec de nombreuses autres espèces),
-  relativité de la notion de nuisibilité et des relations d'une espèce avec les populations de prédateurs,
- acceptation psychologique de la présence de prédateur et de la reconnaissance de leurs fonctions sanitaire vis à vis des écosystèmes et en particulier des populations de gibier, ainsi que de leur rôle dans la régulation des nuisibles,
- problème éco-toxiques et écologiques de l'empoisonnement et du piégeage (sélectif ou raisonné ? de régulation ou d'éradication ?, avec quels objectifs ?).
- législation incomplète au sujet des modalités de traitements et de la limitation des impacts écologiques et souvent peu suivie (pour le rat musqué)
- les dates de traitement sont parfois étalées du 1 septembre 1999 au 31 mai 2000. dates couvrant la migration aller et retour et l'hivernage par ex des rapaces (il a été démontré que des buses variables mourraient après seulement deux ingestions de campagnols empoisonnés à la bromadiolone même lorsque ces ingestions étaient séparées par dix jours de nourriture saine). Cette période est celle qui voit aussi la concentration maximale des prédateurs sur les zones de pullulation des campagnols terrestres. Le milan royal est particulièrement touché par ces empoisonnements comme le prouve le nombre important de cadavres
retrouvés au cours des campagnes de 1998 et 1999.
- les plans d'action ne reprennent aucune des mesures d'aménagement écoapysagers pour limiter les risques de pullulation à l'avenir.
- En conclusion, cette autorisation d'étalement de la saison de traitement assure donc une efficacité maximale des traitements à la bromadiolone sur les espèces non ciblées.
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quelques extraits de listes de discussion ou du portail Univers nature*
(pascal Farcy actualites@univers-nature.com)
Bromadiolone

 

L'ETAT EPINGLE POUR L'UTILISATION D'UN POISON ANTI-RONGEURS JUGE DANGEREUX
26 Feb 2001 RevuePress@aol.com

 

BESANCON, 26 fév (AFP) - Le tribunal administratif de Besançon a épinglé l'Etat pour avoir permis dans le Jura l'utilisation de la BROMADIOLONE, un puissant poison anti-rongeurs présentant des dangers pour d'autres animaux, dont des espèces protégées, et "même pour la santé humaine".

 

Le tribunal, saisi il a un an et demi par le Groupe ornithologique du Jura et le Rassemblement des opposants à la chasse (ROC), a ordonné, dans son jugement rendu le 22 février 2001 dont l'AFP a eu copie lundi, l'annulation d'un arrêté préfectoral du 6 août 1999 qui  autorisait ces campagnes de destruction du
campagnol (petit rongeur) terrestre, en 2000 pour l'ensemble du département et en 2001 sur des zones d'expérimentation.
Les juges, donnant raison aux écologistes, ont rappelé que la bromadiolone, poison anti-coagulant, est "un toxique non-sélectif qui est de nature à détruire également les prédateurs des campagnols", notamment plusieurs rapaces protégés tels que les milans royaux, ainsi que des espèces de gibier comme les
sangliers, mais aussi des animaux domestiques.
Plus grave, "il est également établi que la bromadiolone présente des dangers (...) même pour la santé humaine", ajoute le tribunal, en évoquant des "risques de contamination de la ressource en eau".
Stigmatisant "une appréciation manifestement erronée" de la part du préfet, le jugement, qui affirme que l'utilisation de la bromadiolone ne peut être autorisée qu'"AU PRIX DE PRECAUTIONS DRASTIQUES", a également été notifié au ministre de l'Aménagement du territoire et de l'environnement Dominique

 

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DEBUT DU MACCABRE DECOMPTE DE CADAVRE DE RAPACE EN FRANCE
(Univers nature _  6 au 9 octobre 1999)

 

Suite à la décision des préfectures du Doubs et du Jura d'autoriser la lutte collective contre les campagnols terrestres, à base d'appât enrobé de bromadiolone, un puissant toxique et d'étaler les dates de traitement du 1 septembre 99 au 31 mai 2000, les découvertes de cadavres se multiplient.

Sur la commune de Fuans, dans le Doubs, des chasseurs ont récupéré les premiers cadavres de rapaces durant la semaine du 16 au 23 octobre 99 (7 buses et 1 milan royal ; espèces protégées en tous temps, tous lieux et sur l'ensemble du territoire).
L'auteur de l'info ci-dessus, du FRIR, mentionne en outre : " Mes observations de concentrations de rapaces sur des zones de pullulations de campagnols qui viennent de recevoir le traitement à la bromadiolone à Les Fins (Doubs) :
- le 8/10/99  31 buses et 3 milans royaux sur un mouchoir de poche 500 - 600 m
- - le 20/10/99 départ en migration sur le même secteur 45 buses, 10 milans royaux
- - le 23/10/99 reconstitution des effectifs sur la même surface 17 buses, 1 milan royal en arrêt repas, bloqué par les mauvaises conditions météo.

- Ou vont-ils mourir après avoir ingéré la bromadiolone. Les expériences réalisées sur les chances de découvrir un oiseau mort montrent que les découvertes de cadavres sur le terrain ne reflète qu'une infime partie de la mortalité réelle ! "

 

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Lutte contre les campagnols (suite de l'actu. du 21 au 24 octobre 1999)

 

" Alors que la campagne d'empoisonnement (au Bormadiolone) des campagnols, dans le Doubs et le Jura, a débuté le 1 septembre 1999, la FREDEC (un des organismes chargés de faire la formation des cultivateurs pour le plan de lutte contre les campagnols) vient seulement d'invité le Président du Fond Régional
Intervention Rapaces (FRIR) à participer le 24 novembre 1999 à une réunion d'information à l'intention des responsables de groupements situés dans les zones d'expérimentation "campagnols".

 

Pour mémoire, les associations de protection de la nature voulaient que la formation des agriculteurs se fasse de façon paritaire (naturalistes d'un côté et organismes chargés de combattre les campagnols de l'autre), que les traitements n'aient lieu que dans des zones de faible densité de population, et que l'aspect restructuration des paysages agricoles fasse partie du plan d'action. Au final, c'est une formation sur les méthodes  d'application des traitements qui arrive seulement le 23 novembre 1999, alors que depuis près de 4 mois, les cultivateurs traitent à tour de bras avec des destructions massives de prédateurs du campagnol, parmi lesquels ont peu relever des centaines de buses, des dizaines de milans royaux et de sangliers, la quasi disparition des renards et des blaireaux sur des cantons entiers....
Et pendant cela, la FRDEC et les organisations agricoles majoritaires osent dire aux chasseurs et naturalistes "nourrissez les prédateurs pendant que nous détruisons les campagnols".

 

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....TRAITEMENTS RODENTICIDES DANS LE DEPARTEMENT DU DOUBS (FRANCE)

 

Réunis à Yverdon les 20 et 21 novembre 1999 dans le cadre du 39ème Colloque ornithologique interrégional d'ornithologie, 150 ornithologues française et suisses ont pris connaissance avec consternation des effets désastreux des traitements rodenticides mis en oeuvre en Franche-Comté sous la responsabilité de la Préfecture du Doubs en vue de la lutte contre les campagnols.

Ignorant les expériences catastrophiques faites dans les Cantons de Neuchâtel et du Jura il y a 17 ans avec des appâts secs à la Bromadiolone et en phase de pullulation, ne tenant aucun compte des mises en garde des milieux de la protection de la nature, négligeant les précautions les plus élémentaires en matière de suivi des traitement, augmentant à près de 100 000 ha la surface traitée, l'autorité française se rend ainsi responsable de la destruction de centaines d'animaux d'espèces protégées telles que Milans royaux et Buses
variables.

 

De nombreux participants au 39e Colloque interrégional d'ornithologie ont demandé la suspension immédiate des traitements destructeurs autorisés par la Préfecture du Doubs.
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TRAITEMENT CONTRE LES CAMPAGNOLS (FRANCE)

 

L'utilisation de la Bromadiolone pour lutter contre les pullulations de campagnols terrestres, a prouvé depuis plus de dix ans sa totale inefficacité pour juguler ce phénomène cyclique. Pire, elle contribue par son présence dans la chaîne alimentaire à éliminer les prédateurs naturels des campagnols : rapaces, petits carnivores, et aussi des animaux type gibier comme les sangliers, les lièvres et chevreuils comme l'attestent les études de l'ONCFS (office national de la chasse et de la faune sauvage).

Pourtant il est possible de procéder autrement pour juguler ces pullulations.

Les suisses, dans le canton de Neuchâtel, ont considérablement limité les effets secondaires de cette méthode de lutte contre les campagnols : rotation appropriée des cultures, labours, mise en place de haies, piégeage des campagnols, et traitement à basse densité avec un produit et une méthodologie respectueuse de l'environnement.
En France dans les régions concernées, tous les agriculteurs ne traitent pas, à titre d'exemple voici le témoignage que l'on nous a envoyé par email d'un cultivateur du Jura. Après vérification le voici dans son intégralité :

Campagnols : " je ne traite pas à la bromadiolone " Je n'ai jamais traité à la bromadiolone contre les campagnols et pourtant sur mes parcelles, je récolte autant que ceux qui traitent. Mais depuis 15 ans, je sème au printemps des cultures dérobées telles que de l'avoine-vesce avec un peu de graines fourragères (trèfle blanc, fléole, sainfoin.). Après un simple hersage ou directement avec le semoir à disques, je sème puis je passe le rouleau pour tasser et assurer la germination et levée de ce fourrage.

La première récolte est peut-être inférieure en rendement mais la seconde récolte en regain est extraordinaire. Je peux renseigner les agriculteurs qui le souhaitent (vous pouvez nous contacter à redac@univers-nature.com, monsieur Girod nous ayant donné l'accord de diffusé son téléphone, ndlr). De plus, je témoigne qu'après le traitement à la bromadiolone de l'automne 99, cinq renards sont venus périr dans mon hangar agricole suite à des hémorragies ainsi que deux buses et un milan dans les haies voisines.
Gabriel GIROD

 

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ex de réflexion annexe :
POURQUOI LE RAT MUSQUE S'EST IL DEVELOPPE SI FACILEMENT ET SI RAPIDEMENT ?

 


plusieurs raisons :
1) La disparition ou la quasi-disparition des prédateurs qui devraient normalement peupler notre région (loups, lynx, chat sauvage, rapaces nocturnes et diurnes, loutres notamment), et la disparition des espèces locales, naturellement présentes sur notre territoire éradiquées depuis longtemps par la chasse et les pratiques d'aménagement et d'utilisation du territoire (cerf, renne, bison, aurochs, castor). Ces espèces laissent la place - la nature ayant horreur du vide - à des niches écologiques dégradées par l'homme, mais
libres d'être occupées par des espèces introduites qui ne trouvent ni leurs prédateurs naturels, ni de prédateurs de remplacement. Les populations de rats musqués sont effectivement mal régulées... Mais l'homme a une part importante de responsabilité.
2) D'autre part, même les spécialistes de la lutte contre les nuisibles de l'INRA ne conseillent pas l'usage du piège à mâchoire, mais de pièges sélectifs, disposés sous l'eau, qui capturent à la fois le rat musqué et le ragondin. Le poison pouvant lui poser de nombreux problèmes.
3) Enfin les berges artificielles verticales lui conviennent tout particulièrement, des berges au profil plus naturel en pentes douces s'écroulent sur ces terriers et l'exposent plus à la prédation.

 

Des dispositifs de zones tampon et enherbées favorables à l'entretien de berges en pentes très douces, tels que conseillés par les agences de l'eau (voir brochure de D Soltner/agences, également disponibles auprès des SRPV : Bandes enherbées et autres dispositifs bocagers pour garder les sols et filtrer l'eau, pour héberger la faune sauvage, pour maintenir les paysages)
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Au canada:

 

Autorisés
Piège à ressort conçu de façon à ce que l'animal capturé soit tué par l'action du piège (ex. : " Conibear ")
Piège à ressort conçu pour retenir l'animal par une patte ou un collet, reliés à un système de noyade
Piège à ressort conçu pour retenir l'animal par une patte, muni d'un dispositif empêchant l'automutilation et relié à un système de noyade (ex. : " Stoploss " )
- Cage sous-marine : cage munie d'un clapet à chaque ouverture et qui peut être munie d'ailes ou de guideaux, destinée à être submergée par un minimum de 2,5 cm d'eau; la longueur de la cage est d'au plus 80 cm. Lorsque la cage est ronde, le diamètre est d'au plus 35 cm, lorsqu'elle est d'une autre forme, les côtés
sont d'au plus 20 cm. Le grillage de la cage ne peut avoir un diamètre inférieur à 2,5 cm lorsque les mailles sont rondes et il ne peut avoir une diagonale inférieure à 3,6 cm lorsqu'elles sont d'une autre forme.

 

Interdits  :
- Collet muni d'un dispositif l'empêchant de se relâcher (système sur terre)
- Piège à ressort conçu pour retenir l'animal par une patte (système sur terre)
- Lacet muni d'un dispositif l'empêchant de se relâcher (système sur terre)

 

Il est interdit :
d'utiliser un poison, un explosif, une substance toxique ou une décharge électrique pour piéger; de tendre un collet, un piège à patte ou un lacet de façon à ce que l'animal piégé se trouve suspendu sans point d'appui;
d'utiliser un piège à ressort ou un piège à patte dont les mâchoires sont munies de dents, crocs, griffes ou barbelés;

de placer dans la tanière d'un rat musqué un piège d'un modèle autre que " Stoploss " relié à un système de noyade, ou " Conibear ", ou leur équivalent; de déranger, détruire ou endommager le barrage du castor ou la tanière d'un animal.

 

Piégeage
Au Canada, le piégeage du rat musqué et du vison d'Amérique à l'aide de la cage sous-marine est permis dans certaines zones, réserves de chasse et de pêche ou réserves fauniques à certaines dates (généralement 2 ou 3 mois entre oct et dec)
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F.Lamiot
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