SALMONELLOSES ET FIEVRES THYPHOIDES

 

INFORMATIONS GENERALES SUR LES SALMONELLOSES

 

1. Quelques épidémies les plus spectaculaires      *

2. Les aliments concernés         *

3. Prévention des salmonelloses         *

4. Nature de la pathogénicité dans les salmonelles           *

5. Diagnostic biologique des salmonelloses           *

 

 

EN SAVOIR PLUS SUR LES SALMONELLES

1. Biologie des salmonelles       *

2. Température       *

3. pH  *

4. Aw             *

5. Autres facteurs  *

6. Principaux caractères biochimiques des salmonelles :           *

  

LE CAS DE LA  FIEVRE TYPHOIDE (une salmonellose d’origine hydrique) par Salmonella typhi  *

 

1. Histoire et définition     *

2. Epidémiologie de la fièvre typhoïde           *

3. Nature de la pathogénicité de la fièvre typhoïde *

4. Prévention de la fièvre typhoïde      *

5. Diagnostic biologique de la fièvre typhoïde         *

 

 

INFORMATIONS GENERALES SUR LES SALMONELLOSES

 

    1. Quelques épidémies les plus spectaculaires

Au Canada en 1984, 2700 cas de Salmonella typhimurium (1 mort) concernant du cheddar.

En 1985 16.000 cas confirmés dans 6 Etats du fait de la consommation de lait provenant de Chicago. Ce fut la plus grande TIAC de Salmonella aux USA.

En 1989 dans l'état de l'Illinois (Canada) : 200.000 personnes atteintes.

En 1989-1990 une épidémie implicant le melon (cantaloupe) contaminé par Salmonella chester atteignant 25.000 personnes dans 30 Etats. (source : May 1997 Dairy, Food and Environmental Sanitation Vol. 17, No. 5 Mark Tamplin).

En 1994, la glace " Schwan " faisait 224.000 malades (la plupart d'eux étaient jeunes). Il n’y avait pourtant que 6 salmonelles par moitié de coupe de glace. La glace ne contenait pas d'œuf, mais sa mixture était transportée dans un équipement qui contenait auparavent un ovoproduit à base d'œuf cru contaminé.

En France, la dernière grande épidémie en date est celle de 1993 impliquant Salmonella paratyphi B dans du fromage de chèvre (273 cas dont 1 mort).

 

A lire également dans le bulletin Eurosurveillance : Salmonella enteritidis en Europe occidentale 1995-98 – un rapport de surveillance d’Enter-net

 

 

    1. Les aliments concernés

 

Les principaux réservoirs de salmonelles sont des animaux (poulets, dindes, grenouilles, escargots, canards, rongeurs, chiens, chats et tortues).

De nombreuses espèces (sous-espèces selon LE MINOR) de salmonelles sont naturellement présentes chez les poulets, dindes, canards, rongeurs, chats, chiens, tortues.. . Les oiseaux de basse-cour sont souvent responsables des infections.

Les aliments sont habituellement des viandes hachées (hachis), de la charcuterie (saucisses, salaison, pâtés), de la volaille, des rôtis de boeuf préparés d'avance et des oeufs (ovoproduits, crème pâtissière, mayonnaise, crème glacée), du poisson et coquillages (huîtres, moules, mollusques, crustacés).

Les données chiffrées ci-dessous sont issues du BEH 29/1996 " Inventaire des Salmonella d'origine non humaine en 1992-1993 ".

 

Les oeufs

Les principales sources sont les produits bruts tels que les oeufs et la volaille (lors de l'éviscération). Dans le cas des oeufs durs, il n'y a pas de problème car le traitement thermique suffit à détruire toutes les bactéries, par contre la cuisson des oeufs au plat et des omelettes est insuvfisante. L'oeuf de cane surtout peut être contaminé (S. typhimurium, Salmonella enteritidis, Salmonella anatum) dans les ovaires, l'oviducte. Les milieux internes de l'oeuf de poule sont exceptionnellement contaminés. Par contre la contamination des coquilles n'est pas exceptionnelle. Celle-ci peut être transférée aux blancs et jaunes d'oeuf par le cassage.

550 souches ont été isolées d'oeufs et ovo-produits dont 58 % appartenaient au sérovar Enteritidis et 24 % au sérovar Typhimurium. Concernant la mayonnaise, il est à noter que cet ingrédient est de lui même un mauvais milieu de culture pour les salmonelles.

Le nombre de souches isolées dans les viandes et abats de volaille continue de progresser (3 115 souches) dont les principaux sérovars sont Virchow (18,7 %), Typhimurium (15,8 %), Newport (11,4 %), Enteritidis (9,2 %), Saint Paul (8,7 %), Indiana (6,9 %).

 

Les produits de charcuterie

 

Les produits de charcuterie véhiculent toujours un grand nombre de sérovars dont Typhimurium et Derby représentent respectivement 31,3 % et 15,3 % des souches isolées.

 

Les produits laitiers

 

Le nombre de souches recensées dans les produits laitiers est de 169. Ce chiffre modéré, mais avec une grande diversité de sérovars, pourrait peut être masquer la réalité du fait que les recherches de salmonelles sur produits laitiers n'étaient pas systématisées avant l'arrêté du 30 mars 1994 et que les laboratoires interprofessionnels laitiers communiquent peu leurs résultats.

 

Les viandes

 

Le nombre de souches isolées des viandes de boeuf décroît modérément (901 souches) avec en tête le sérovar Typhimurium (21,2 %) : on note la progression du sérovar Panama (50 souches isolées). 1364 souches ont été isolées des viandes de porc dont les principaux sérovars sont Typhimurium (35,5 %), Derby (22,8 %) et Bredenev (7,4 %).

  

 

Le poisson

 

S. agona était présente dans des farines de poisson en provenance du Pérou et à l'origine de toxi-infections alimentaires en Grande-Bretagne et aux USA.

Les poissons ne connaissent pratiquement pas les salmonelles mais par contre leur sauce réchauffée est un produit à risque.

Un très petit nombre de Salmonella du sérovar Napoli, absorbés dans du chocolat, a causé des toxi-infections alimentaires alors que le même nombre absorbé dans de l'eau n'aurait pas pu en provoquer.

 

 

    1. Prévention des salmonelloses

 

1 Cuisson adéquate (insuffisante)

2 Réfrigération appropriée

3 Protection de la nourriture contre la contamination par des rongeurs, mouches et autres animaux

4 Inspection périodique des travailleurs

5 Production et traitement convenable des aliments

6 Propreté personnelle

7 propreté du matériel (caisses en bois pour moules)

8 Vérification de l'état de la coquille des oeufs (propre et intacte)

9 Stocker les oeufs au frais

10 Maintenir au froid et consommer aussi rapidement que possible les préparations à base d'oeufs crus (mayonnaise et crèmes).

 

 

 

4. Nature de la pathogénicité dans les salmonelles

 

Les statistiques montrent un accroissement de salmonellose dans les mois de juillet et d'août (à octobre) ; le nombre est faible de décembre à mai. La variation du nombre de cas recensés est simplement due au fait qu'en saison chaude, les salmonelles se développent facilement et rapidement dans les aliments non réfrigérés (ex. pique-niques).

Les salmonelles sont toutes potentiellement pathogènes pour l'Homme ou tous les animaux. Certains ne sont pathogènes que pour une espèce :

- Salmonella paratyphi A (fièvre paratyphoïde rare en France, fréquent en Extrême-Orient, en Asie et en Afrique),

- Salmonella paratyphi B (responsable de fièvres paratyphoïdes et d'entérites (en Europe et en Asie), maladies moins sévères que la fièvre typhoïde),

- Salmonella paratyphi C (même chose que paratyphi B, s'observe en Extrême-Orient et en Asie (VIET-NAM, KAMPUCHEA)

- Salmonella sendai (Homme) Salmonella abortus equi (équidés), Salmonella abortus ovis (mouton), Salmonella Pullorum et Salmonella gallinarum (volaille), Salmonella typhisuis (porc).

 

D'autres s'attaquent à de nombreuses espèces (S. typhimurium, espèces à sang chaud, notamment les souris). Salmonella salamae et Salmonella arizonae sont isolés dans l'intestin des animaux à sang froid (serpents, tortues, lézards) chez lesquels ils peuvent provoquer des infections. Salmonella houtenae et Salmonella bongor sont rarement rencontrés chez les animaux ; ils sont exceptionnellement pathogènes pour l'homme.

Salmonella typhi responsable de la fièvre typhoïde chez l'homme,

Salmonella virchow est identifiée dans 2.2 % cas de salmonelloses en France en 1994, après Salmonella Enteritidis (65.5 %) et Typhimurium (14 %). Salmonella Virchow est en plein développement en France depuis quelques années comme dans les autres pays européens (Réunion Salmnet, Glasgow, Royaume Uni, 6-7 avril 1995). Ce sérotype peut être subdivisé en plusieurs lysotypes qui correspondent probablement à des sources alimentaires différentes.

Salmonella agona est le germe d'actualité en 1998 du fait que l'entreprise Malt-O-Meal a dû volontairement retirer 3 Millions de livres de toast à base d'avoine contaminés ayant occasionné une épidémie faisant 209 victimes dans 11 Etats Américains. Un four aurait pu être à l'origine de la contamination. Ce germe est présent dans une grande variété de produits, comprenant la volaille, les bovins et les porcs. De plus en 1972, Salmonella agona était présente dans des farines de poisson en provenance du Pérou à l'origine de toxi-infections alimentaires en Grande-Bretagne et aux USA. Des intoxications ont également été causées par du lait en poudre et dans des sandwich de type (peanut-flavored snack).

 

 

Il faut ingérer beaucoup de microorganismes pour qu'il y ait maladie (10^5 à 10^7) ; beaucoup sont éliminés par des voies gastro-intestinales. Seulement Salmonella typhi est toujours dangereux à très faible dose : un seul germe peut suffire à provoquer une typhoïde. La multiplication des microorganismes dans les intestins (tube digestif), ainsi que la sécrétion de toxines, produisent des symptômes de gastro-entérite aiguë. L'irritation et l'inflammation des intestins sont provoquées par une infection profonde des muqueuses de l'iléon et du côlon. Après quelques jours, les germes disparaissent de la muqueuse mais pullulent dans les ganglions mésentériques ; ils peuvent être parfois isolés à partir du foie et de la rate mais jamais du sang. Les germes pénètrent davantage dans la profondeur de la muqueuse ; leur multiplication dans la sous-muqueuse donne naissance à des foyers inflammatoires avec abcès et extension aux formations lymphoïdes du côlon.

Certaines salmonelles peuvent franchir la barrière intestinale et provoquer des troubles viscéraux divers : arthrite, septicémie, méningite, péricardite, endocardite etc. (S. senftenberg), leucopénie (baisse du nombre des globules blancs), ostéomyélite, mais en général les bactéries restent localisées au niveau de l'intestin.

Elles attaquent le voie gastrointestinale (estomac), l'intestin grêle (ulcération), le gros intestin et le côlon. Elles surviennent subitement (entre 8 et 72 H), en général 12 à 36 H. Les troubles se manifestent brutalement par une douleur abdominale souvent violente et des vomissement fréquents, douloureux et violents, accompagnée de diarrhée liquide, fétide habituellement glaireuse et parfois sanglante, abattement. Les nausées, céphalées, avec une fièvre de 38-39°C, des frissons et des maux de tête. La maladie s'accompagne d'hyperthermie, parfois de manifestations nerveuses (contractures musculaires, mouvements cloniques, somnolence), souvent l'oligurie.

La durée des symptômes est de après 1 à 7 jours, et la guérison est sans complication. Cependant, le FDA recense environ 2 cas de mortalité pour 1000 contaminations.

Les Salmonella ne sont pas toxinogènes mais entéro-évasives. Après adhésion à la bordure en brosse, les Salmonella provoquent la rupture des microvillosités et envahissent les entérocytes par un processus d'endocytose induit par l'attachement de la bactérie à son récepteur (RME, receptor-mediated endocytosis). La Salmonella, à l'intérieur de la vacuole de phagocytose, migre au pôle apicale et est expulsée vers la lamina propria où elle induit une réponse inflammatoire. Les souches de Salmonella typhimurium attirent les macrophages, se font phagocyter et sont capables de s'y multiplier.

On soigne les salmonelloses par des moyens d'appoint sans utiliser d'agent antimicrobien.

 

5. Diagnostic biologique des salmonelloses

 Il nécessite l'isolement des bactéries à partir des selles (coproculture). Ces bactéries doivent être semblables à celles trouvées dans les aliments suspects. On utilise des milieux sélectifs ou différentiels, comme la gélose de MAC CONKEY. Une augmentation du titre d'anticorps contre l'antigène O, pendant la première ou la deuxième semaine de l'infection, est aussi un bon diagnostic. Mais les cultures de selles peuvent rester négatives pendant plusieurs semaines. Quand les cultures de sang sont faites rapidement, elles révèlent la présence de salmonelles.

 Pour la recherche dans les aliments, le schéma suivant a été défini par EDEL et KAMPELMACHER (1969) et retenu par les Normes nationales et internationales :

 

. Préenrichissement (6-18 heures)

La préparation de la suspension-mère s'effectue le plus souvent à l'aide d'eau peptonée tamponnée (EPT) dans un rapport de 1 à 9 entre produit et diluant. La solution peptone-sel, la solution de RINGER ou la solution tampon-phosphate peuvent être utilisées pour les produits laitiers. C'est une incubation à l'étuve à 37°C pendant 16 à 20 heures.

Cette phase vise à permettre aux bactéries lésées (stressées) de récupérer leur stabilité. Le milieu le plus employé est le tryptone-sel. La prise d'essai est souvent de 25 grammes.

 

. Enrichissement (en milieux sélectifs liquides 24-48 heures)

S'effectue après transfert d'un volume variable du milieu de préenrichissement, dans les milieux sélectifs suivants, incubés à 37 ou 43°C pendant 24-48 heures.

- Bouillon au tétrathionate de Na et Vert brillant (milieu de MULLER-KAUFFMANN) ; le vert brillant inhibe les coques Gram +.

- Bouillon au sélénite de Na (additionné ou non de Cystine et de Novobiocine).

- Bouillon de RAPPAPORT-VASSILIADIS (rv10) au chlorure de magnésium ou au Vert Malachite.

 

. Isolement sur milieux sélectifs solides

Se réalise sur des milieux sélectifs solides, à partir des milieux sélectifs liquides d'enrichissement.

L'incubation des milieux sélectifs se fait à 37°C pendant 24 à 48 heures.

Ces milieux contiennent essentiellement des agents sélectifs (sels bilaires et colorants p. ex.), des sucres notamment du lactose, des sels permettant de révéler la production d'H2S et des indicateurs de pH. Les sels biliaires inhibent également les flores d'accompagnement et favorisent les salmonelles.

 

Les principaux milieux utilisables sont : la gélose au vert brillant, la gélose Hektoen, la gélose D.C.L.S., la gélose XLD. Peuvent aussi être avantageusement utilisées, la gélose SS, la gélose Mc CONKEY, la gélose au sulfite de Bismuth.

 

. Identification

Les colonies caractéristiques (H2S +) sont repiquées au moins 5 fois, et il est procédé à l'étude des caractères biochimiques essentiels.

 

 

Lysotype (ou phagovars)

C'est une épreuve présomptive qui s'effectue à l'aide de bactériophages spécifiques (phage 01) (réponse en 6-8 heures).

Remarque : La classification des souches en sérovars, biotypes (caractères biochimiques), lysotypes (sensibilité aux phages), antibiotiques (sensibilité aux antibiotiques) et colicinotypes (sensibilité aux bactériocines) facilite les études épidémiologiques.

 

Le Centre National de Lysotypie (Institut Pasteur) utilise le classement international qui accepte 96 lysotypes différents de Salmonella typhi.

 

 

 

EN SAVOIR PLUS SUR LES SALMONELLES

  

    1. Biologie des salmonelles :

L'espèce comprend 7 sous-espèces dont deux (IIIa et IIIb) correspondent aux bactéries antérieurement appelées Arizona. La très grande majorité (99.8 %) des Salmonella isolées chez l'homme et les animaux à sang chaud appartiennent en Europe occidentale à la sous-espèce I. les sous-espèces II, IIIa, IIIb sont fréquemment isolées comme bactéries responsables de l'intestin des animaux à sang froid, les sous-espèces IV, V et VI, qui sont rares, paraissent cantonnées à l'environnement.

Chacune des sous-espèces est subdivisée en sérovars basé sur l'identification des facteurs antigéniques O, H et Vi. Chaque sérovar est défini par une association caractéristique de ces facteurs, appelée formule antigénique.

Afin d'éviter toute confusion avec un nom de sérobype, le nom de Salmonella enterica a été proposé comme nom spécifique, les 7 sous-espèces étant désignées subspecies, enterica, salamae, arizonae, diarizonae, houtenae, bongori et indica. Le compromis a été proposé est donc de garder les noms de sérovars de la sous-espèce I familiers aux cliniciens mais de ne plus les écrire en italique.

Parmi les espèces (sous-espèce selon LE MINOR) fréquemment incriminées, on trouve Salmonella enteritidis variété typhimurium et Salmonella cholerae-suis. Ce sont des bâtonnets gram -, aéro-anaérobies facultatifs, mobiles et qui font fermenter le glucose. Salmonella pullorum et Salmonella gallinarum sont toujours immobiles. Des mutants immobiles peuvent être observés.

A l'exception de Salmonella typhi, tous les sérotypes (2267 en fin 1989) produisent des gaz au cours de la fermentation des glucides (glucose et divers hydrates de carbone). Les colonies ont habituellement, en 18-24 heures, assez fins de 2 à 3 nm de diamètre, et 0.5 µm x 3 µm, sauf pour certains sérovars donnant toujours des colonies naines (Abortusovis, Abortusequi, Typhisuis). les salmonelles sont isolés en petits amas. Polymorphes en cultures âgées (formes filamenteuses).

Les réactions chimiques permettent de classer les salmonelles en trois espèces : Salmonella typhi, Salmonella choleraesuis (enterica, depuis 86) et Salmonella enteritidis. Le schéma de KAUFFMAN-WHITE permet de subdiviser ces espèces en sérotypes, selon leurs antigènes O et H. Les travaux de LE MINOR ont montré qu'en fait, les Salmonella constituaient une seule espèce et qu'elles pouvaient se répartir en 6 taxons ou sous-espèces. Mais par soucis de commodité, une correspondance avec le schéma de KAUFFMANN a été conservée.

Le seul antigène K reconnu chez les Salmonella est l'antigène Vi (de virulence ou de surface), qui peut exister chez Typhi, Paratyphi C et Dublin. La présence de l'antigène Vi masque l'agglutination "O". Il convient de l'éliminer pour révéler la présence des antigènes somatiques (1 H à 60°C). L'antigène Vi de certaines salmonelles n'est pas un antigène de virulence.

Les antigènes flagellaires H sont constitués d'une protéine, la flagelline qui présente une composition en acides aminés constante pour un type antigénique donné. Les antigènes H sont thermolabiles et sont détruits par l'alcool.

 

Salmonella typhi et Salmonella cholerae-suis n'ont qu'un seul sérotype, et Salmonella enteritidis, plus de 1800. Il existe au total plus de 2 100 sérovars. Chacun de ces derniers porte un nom de variété, comme la Salmonella enteritidis var.typhimurium.

 

2. Température

La température optimale de croissance est de 35/37°C cependant les Salmonelles peuvent se multiplier de 5°C à 45/47°C avec une croissance nettement retardée par les températures inférieures à 10°C.

La pasteurisation à 72°C/15 sec. assure leur destruction dans le lait, de plus, la contamination dans le lait demeure rare du fait de l'acidité.

Selon la nature des aliments, des variations peuvent s'observer. Il peut en aller de même pour les souches (ex. la souche Senftenberg 775w particulièrement résistante). La destruction de 10^7 Salmonella dans des rôtis de boeuf de 5 kg environ requiert des couples temps/température de : 72,2°C/5min ; 68°C/12 min ; 57,2 °C/37 min ; 54,4 °C/121 min;

La réfrigération permet la survie des Salmonella, la congélation n'est pas de nature à provoquer leur disparition complète.

 

3. pH

Elles supportent une gamme de pH allant de 4,5 à 9,0 avec un optimum de 6,5 à 7,5. En fonction des acides utilisés, les sensibilités variables peuvent s'observer, ainsi l'utilisation d'acide citrique ou d'acide chlorydrique autorise la croissance à pH 4, 05 (en bouillon), pH 5,50 pour l'acide propionique ; avec l'acide lactique cette limite s'établit à 4,40. La persistance des Salmonella dans les mayonnaises fortement acides (pH 3, 2) a été signalée. D'autre part, une épidémie de Salmonella Typhimurium a fait 504 victimes dans le Sud de l'Australie en mars 1999 ; l'aliment incriminé était un jus d'orange frais industriel (voir le communiqué de presse à l'adresse suivante).

Ils sont sensibles à la chaleur et aux antiseptiques, mais résistent au froid et survivent aussi bien dans le milieu extérieur que dans les cultures pendant plusieurs semaines.

 

4. Aw (activité de l'eau)

Les Salmonella résistent parfaitement à la dessiccation et se développent bien dans des valeurs d'Aw de 0,945 à 0,999. Pour des valeurs très faibles correspondant à des produits déshydratés (0, 20), leur survie est de longue durée (ex. Salmonella agona à l'origine de toxi-infections dans des toasts de céréales ou dans du lait en poudre). Dans les aliments, les Salmonella peuvent se multiplier jusqu'à des valeurs d'Aw égales à 0,93.

 

5. Autres facteurs

Les Salmonella sont assez sensibles au NaCl, mais néanmoins leur présence a été reconnue dans des saumures à 3,2 %. La concentration maximale tolérée serait de 5,8 %

Elles sont sensibles aux nitrites (résistantes au Perigo factor) et peuvent survivre fort longtemps dans les salaisons.

Les Salmonella ne sont pas de bons compétiteurs (ex flore lactique). Toutefois, elles résistent bien et longtemps dans les milieux extérieurs (terre, matières fécales, matériaux, locaux). Les rayonnements ionisants (rayons gamma ou électrons accélérés) tuent les Salmonella.

Il n'existait pas jusqu'en 1997 de vaccination efficace contre les salmonelles, à l'exception de Salmonella typhi. Cependant, des biologistes (Roy CURTISS, George William et Irène Koechig Freiberg) de l'Université Washington de St. Louis ont mis au point un vaccin qui est en cours de validation par les autorités sanitaires des USA en 1997.

Il a de plus été découvert en 1984 en Angleterre que Salmonella typhimurium DT104 était résistante aux antibiotiques (ampicilline, chloramphenicol, streptomycine, sulfonamides et tétracycline). Cette souche a d'ailleurs été assez communément retrouvée dans la production animale et également chez les humains. Pour la période 1997-98, cette souche a été responsable de 4 épisodes de toxi-infection au Japon. DT104 pourra ainsi représenter l'un des principaux soucis de sécurité alimentaire dans les années avenir.

Cette résistance est liée à l'usage d'antibiotiques dans la production animale qui pourrait être un facteur de renforcement de la résistance des germes pathogènes. Ce dernier point est un sujet à discussion entre les différents Etats, notamment au sein de l'Union Européenne et avec les Etats-Unis.

Pour en savoir plus sur la souche résistante DT104 :

o      Dans le site de l'OMS : SALMONELLA TYPHIMURIUM MULTIRÉSISTANTE

o      Dans le site d'Eurosurveillance (mai 99) : Emergence de souches de Salmonella typhimurium DT 104 multirésistantes en République Tchèque

o      Eurosurveillance (nov 97) : Incidence croissante de la résistance au triméthoprime et à la ciprofloxacine de Salmonella typhimurium DT104 épidémique en Angleterre et au Pays de Galles

o      Un grand dossier de l'USDA

o      Bovine Herd Salmonellosis

o      Dans le site de l'IFST

o      The Veterinarian's Role in Diagnosis, Treatment, and Prevention of Multidrug Resistant Salmonella typhimurium DT104

 

 

6. Principaux caractères biochimiques des salmonelles :

 

- réduisent les nitrates en nitrites

- dégradent les glucides par métabolisme fermentatif

- utilisent le citrate comme seule source de carbone

- se multiplient sur milieux usuels sans facteurs de croissance

- fermentent du glucose avec gaz :

* la plupart des souches sont gazogènes et produisent du H2S, mais certains sérovars ne produisent jamais de gaz, tels typhi et Pullorum-gallinarum. Des variants agazogènes de sérovars normalement gazogènes, peuvent être rencontrés. Il en va de même pour ce qui concerne la production d'H2S (Paratyphi A...).

- Produisent du H2S.

- N'utilisent pas de lactose, sauf cas particulier (Arizonae) et souches atypiques.

- N'utilisent pas de saccharose, sauf cas particulier (Arizonae) et souches atypiques.

- possèdent certains enzymes :

. pas de bêta-galactosidase, sauf cas particulier (Arizonae) et souches atypiques.

. pas d'uréase

. décarboxylases : lysine (LDC) OUI

ornithine (ODC) d

. dihydrolase : arginine (ADH) ?

. tétrathionate-réductase OUI

- culture en présence d'inhibiteur (KCN) : NON (sauf exceptions)

- autres caractéristiques :

* fermentation du mannitol +

* catalase +

 

 

 

FIEVRE TYPHOIDE (une salmonellose d’origine hydrique) par Salmonella typhi

 

Histoire et définition

C'est une maladie infectieuse aiguë (épidémie grave) strictement humaine causée par Salmonella typhi (bacille d'Eberth : bactériologue allemand 1835-1926).

C'est aux savants français BRETONNEAU et LOUIS que revient la gloire d'avoir décrit les premiers la fièvre typhoïde (1822-1829). En 1880, EBERTH étudie le germe, pendant la même période, deux autres auteurs, le médecin russe SOKOLOV et le médecin allemand GAFFKY, ont pu isoler ce bacille en culture pure. Ensuite, en 1980, SCHOTTMULLER est parvenu à isoler deux bacilles voisins mais différents du bacille d'eberth, que BRION et KAYSER appellent bacilles paratyphiques A et B.

 

 

Epidémiologie de la fièvre typhoïde

 

Sévit dans toutes les parties du monde, et dépend de la purification de l'eau. Il y a un pic saisonnier d'août à octobre, particulièrement au retour de séjour dans les pays chauds (70 % des cas sont "importés").

Le pathogène est habituellement transmis par l'eau ou les aliments habituellement transmis par l'eau ou les aliments contaminés par des selles humaines (laitages, crudités, coquillages). Le pathogène peut survivre pendant plusieurs semaines dans l'eau, la poussière, la glace et même dans les eaux d'égouts asséchées.

Pendant la Première et la Deuxième guerre mondiale, elles constituaient l'une des maladies les pus redoutées des armées combattantes. Au cours des dernières décennies, grâce à l'accomplissement des mesures d'hygiène, ces maladies ont notablement régressé. Néanmoins, d'après les données de l'OMS, la typhoïde et les paratyphoïdes existent encore dans 105 pays, totalisant près de 150 000 cas de maladies par an.

En France, la dernière épidémie conséquente remonte à 1954 où plus de 150 cas de fièvres typhoïdes furent recensés à Lyon à la suite d'une contamination de réseau. En Suisse, l'épidémie est survenue à Zermatt en 1963, à partir d'eau de distribution, touchant 437 personnes dont 260 touristes et causant 3 décès.

 

Une salmonellose survenue en mai-juin 1965 à Riverside, une ville de Californie de 130.000 habitants, est exemplaire par son importance puisque la gastro-entérite aigüe affecte plus de 16.000 personnes, nécessitant l'hospitalisation de 70 individus et occasionnant 3 décès. L'agent isolé est Salmonella typhimurium de l'eau.

Encore aujourd’hui, 25 % des TIAC de Salmonella aux USA proviennent de Californie du Sud (information INTERNET - citation de l’épidémiologiste David Swerdlow du CDC).

Au cours des années 1971-72 une épidémie survenue au Mexique s'est révélée particulièrement meurtrière, faute de traitement efficace.

 

Nature de la pathogénicité de la fièvre typhoïde

 

10^5 cellules doivent être ingérées pour engendrer la fièvre typhoïde. Après une incubation de 7 à 24 heures, jusqu'à 3 jours maximum, les premiers symptômes modérés apparaissent : fièvre d'ascension progressive atteignant 39-40°C accompagnée d'une asthénie croissante, distension abdominale, constipation, douleurs abdominales, céphalées frontales, coliques, fatigue, vertiges, insomnies, oliguries, apathie, rash, malaise, anorexie, nausées et vomissements. La diarrhée survient habituellement pendant la période d'état, et les selles sont liquides, fétides, jaunâtres fréquentes mais non constantes (60 à 70 %) et peuvent être sanglantes. La fièvre est constante, dite en plateau entre 39-40°C, parfois accompagnée de frissons et de dissociation du pouls. Il y a douleurs abdominales intenses et continues (20 à 40 %) et de l'anorexie un tuphos càd de la prostration, de l'indifférence et un délire modéré (30 à 45 %). L'examen clinique peut déceler à ce stade typique une sensibilité de la fosse iliaque droite (dite gargouillante), une splénomégalie modérée et, moins fréquemment, des taches rosées lenticulaires sur l'abdomen, les flancs et la base du thorax, des ulcérations (de Duguet) superficielles sur les piliers antérieurs du voile du palais, enfin des râles bronchiques. On peut retrouver le pathogène dans les selles.

L'évolution de cette maladie est habituellement grave et sans traitement rapide peut durer plusieurs semaines en entraînant la mort.

C'est avant tout une septicémie d'origine lymphatique. Après avoir atteint les voies gastro-intestinales, Salmonella typhi envahit rapidement la muqueuse intestinale, il peut même se multiplier à l'intérieur des phagocytes et de la lamina propria, elle entraîner leur mort et s'en échapper par la suite. D'autre part cette bactérie colonise les ganglions mésentériques ; à partir de là elles diffusent dans la lymphe thoracique puis dans la circulation générale.

D'autre part, la lyse des bactéries au niveau des ganglions libère le lipopolysaccharide toxique LPS ou endotoxine O (lié à l'Ag O). C'est un complexe glucido-lipido-polypeptidique. L'endotoxine O est charriée dans le sang, provoque localement les ulcérations (perforations) des plaques de Peyer (lésions intestinales hémorragiques) par irritation du sympathique abdominal ; véhiculée jusqu'aux ventricules cérébraux elle détermine le tuphos cet état de torpeur, de prostration, de troubles nerveux ou d'abattement, des diarrhées accompagnées de douleurs abdominales ; c'est aussi l'endotoxine qui, agissant au niveau du centre thermorégulateur, engendre la fièvre à 40°C. Cette endotoxine est thermostable (résistant à la chaleur 100°C et alcoolostable et détruit par le formol à 0.5 %.

Cette bactérie est un exemple de parasite intracellulaire facultatif. Les symptômes cliniques deviennent évidents quand les bactéries envahissent ensuite le sang. Puis, les voies biliaires sont infectées ; la multiplication des bactéries dans la bile libère des millions de bactéries dans les intestins, d'où la présence du pathogène dans les selles.

S. typhi peut donc aussi gagner d'autres tissus ou organes par le sang. La vésicule biliaire, la moelle osseuse et la rate peuvent être des sources éventuelles de surinfection. Cela explique les rechutes.

Le traitement repose sur l'antibiothérapie avec des molécules qui assureront une bonne concentration lymphatique. On recommande le chloramphénicol, le bactrim (dans le cas de résistance aux antibiotiques) et le thiamphénicol comme traitement. On emploie aussi l'ampicilline qui peut également soigner les porteurs chroniques. La colimycine est intéressante dans les gastro-entérites graves.

Le chloramphénicol n'est que bactériostatique, et est toxique, mais on sait qu'il pénètre bien dans les ganglions, repaires de bacilles. En cas de fièvre typhoïde, il ne faut pas utiliser d'emble des doses trop fortes de cet antibiotique. La destruction d'un très grand nombre de Salmonella entraînerait la libération d'une grande quantité de toxine glucido-lipido-polypeptidique, irritant fortement le système neuro-végétal et déclenchant un syndrome malin mortel.

 

Prévention de la fièvre typhoïde

Vaccin (TABC), dépistage des porteurs sains ; ces derniers hébergent le germe à l'état commensal dans la vésicule biliaire sans manifester de troubles, et peuvent excréter jusque 10^11 bacilles par gramme de matière fécale. Le biochimiste René GERMANIER a modifié le patrimoine génétique de la bactérie responsable, de telle sorte qu'elle absorbe du galactose en quantités telles qu'elle devient incapable de métaboliser et que le mutant expire empoisonné, après avoir eu le temps de développer dans l'intestin la réponse immunitaire, mais avant d'avoir obligé l'organisme à produire des toxines.

 

Diagnostic biologique de la fièvre typhoïde

C'est un bacille gram - et très mobile. Mesurant 2 à 3 µm de longueur. En plus de posséder les antigènes somatiques (Ag O) et flagellaires (Ag H), utilisés pour l'identification sérologique, Salmonella typhi a aussi un antigène capsulaire (Ag Vi).

Par typage à l'aide de bactériophages, on peut diviser Salmonella typhi en plus de 80 variétés stables et bien définies.

Les germes sont assez résistants dans le milieu extérieur : dans l'eau courante, ils survivent de 5 à 10 jours, dans l'eau stagnante 30 jours, sur les légumes de 5 à 10 Jours, dans les fosses d'aisance plus d'un mois ; par contre ils sont sensibles à la chaleur, détruits par l'action des rayons directs du soleil en quelques heures, par un chauffage d'une demi-heure à 55°C et par l'alcool à 90°C en quelques minutes

Pendant la première semaine de la maladie, on peut isoler Salmonella typhi dans le sang d'environ 90 % des patients; et, à la fin de la troisième semaine, dans le sang de seulement 50 % des patients.

On peut isoler la bactérie dans les selles pendant toute la durée de la maladie, mais c'est entre la troisième et la cinquième semaine que le diagnostic microbiologique est le plus sûr. De 5 à 10 % des patients continuent à excréter les bacilles, deux ou trois mois après le début de la maladie ; 3 % en excrètent après plus d'un an : ce sont des porteurs chroniques.

On peut aussi diagnostiquer la fièvre typhoïde par l'agglutination spécifique de Salmonella typhi avec le sérum du patient (hémoculture) ; c'est la réaction de WIDAL découverte en 1896. Le sériodiagnostic de Widal a été modifié qualitativement par FELIX (1935).

 

  

Page modifiée le 29/08/99 par B.PEIFFER

Liens verifies 20051029

  

 Retour actualités