Escherichia coli entérotoxinogène (ETEC)

 

Exceptionnellement isolés dans les régions à haut niveau d'hygiène. Ils sont par contre responsables d'un pourcentage élevé de diarrhées des nourrissons et de diarrhée des voyageurs (Turista) dans les régions intertropicales et certains pays en voie de développement (Brésil, Mexique, Kenya).

En 1975 dans l'Oregon, 1000 personnes sérotype O6:H6, agent incriminé = l'eau. en 1983 aux USA 5 Etats+ D. Columbia sérotype O27:H2O, agent incriminé = Brie français en 1983 en Hollande + Danemark + Suède, sérotype O6:H6, agent incriminé = Brie français. A Nagoya au Japon en 1973 (956 cas). Au Crater Lake National Park aux USA en 1977 90 % de résidents ont été recensés (soit plusieurs milliers de malades).

En juin 1998, 6500 cas à Chicago (Portland Park) ; le repas incriminé était la salade de pommes de terre produite par un traiteur local.

 

 

Parmi les américains qui vont au Mexique, 20 à 30 % sont atteints de diarrhée. Parmi ces malades 30 % doivent rester au lit, 40 % doivent modifier leur emploi du temps. La maladie typique survient habituellement 4 à 6 jours après l'arrivée dans le pays. Elle commence brusquement par des douleurs abdominales suivies de diarrhées aqueuses, cholériformes, susceptibles de causer une déshydratation.

 

Certains Escherichia coli ETEC responsables de la diarrhée des porcelets possèdent les pili K88, codés par des plasmides. virulente ; elle colonise le petit intestin des porcelets et cause la diarrhée. Le même phénomène est observé avec l'antigène K99 responsable de la diarrhée chez les veaux, les agneaux et les porcelets. E. coli K99 n'est entéro-pathogène que s'il possède 2 plasmides, l'un codant pour la production de pili de fixation, l'autre codant pour la sécrétion d'entérotoxine. Ces E. coli entérotoxinogènes agglutinent les globules rouges des animaux en présence de D-mannose contrairement aux E. coli de DUGUID dont les fimbriae sont, au contraire, sensibles en mannose.

 

Le plus souvent les sérotypes suivants : 6,8,15,25,63,78,115,148,153,159,167. Il s'agit d'une diarrhée cholériforme aqueuse de type sécrétoire, dont la physiopathologie implique la colonisation de la surface muqueuse de l'intestin grêle par la bactérie à l'aide d'adhésines (de type fimbriae) ou facteurs de colonisation (CF) puis la secrétion d'exotoxines protéiques ou entérotoxines (LT=toxine thermolabile et/ou STa=toxine thermostable). La ou les toxines agissent telles des hormones au niveau des entérocytes pour y déclencher une fuite hydroélectrolytique. Les autres symptômes sont des douleurs abdominales, des nausées et une fièvre légère. Le nombre de selles est le plus souvent de 3 à 8 jours mais peut aller jusqu'à 15. Dans les études faites à Mexico, les formes légères (2 à 4 selles, durée 1 à 2 jours) représentent 55 % des cas, les formes sévères avec vomissements et déshydratation 13 %. Le traitement des formes sévères met en oeuvre la réhydratation orale et éventuellement les antibiotiques ou les antiseptiques intestinaux. Dans les formes légères la diète (pas de lait, d'alcool, d'aliments gras) sera suivie avec prise abondante d'eau bactériologiquement saine.

 

 

 

Symptômes de la diarrhée des voyageurs "turista"

 

L'incubation est de 24 à 48 Heures. La durée de la maladie dépasse souvent les 4 jours. Diarrhée 100 %, gaz 99 %, fatigue 74 %, douleurs abdominales 68 %, nausées 61 %, fièvre 56 %, douleurs abdominales 53 %, anorexie 53 %, maux de tête 39 %, frissons 38 %, douleurs dans le dos 35 %, vertiges 34 %. Cependant, les rapports d'enquêtes concernant cette TIAC aux USA (INTERNET) donnent souvent d'autres pourcentages pour ce qui concerne l'ETEC O6:NM (non motile).

 

Les adhésines (ou antigènes d'adhésion) permettent à la bactérie d'adhérer de façon spécifique à la bordure en brosse des entérocytes et de résister au processus d'élimination dû au péristaltisme intestinal. Elles sont de nature protéique et sont présentes à la surface des souches ou à l'extrémité des "pili ou fimbriae" qui peuvent se présenter sous deux formes, soit des fins filaments rigides, de 6 à 7 nm de diamètre et 1 à 4 µm de longueur ou des fibrilles flexibles de 2 à 3 nm de diamètre, insérés à la surface de la bactérie. Les pili sont au nombre de 100 à 300.

 

Les deux premiers antigènes facteurs de colonisation connus, appelés CFA/I et CFA/III sont des pili trouvés chez les hommes. Les fimbriae permettent aux bactéries de se fixer et d'agglutiner les globules rouges. Mais il existe d'autres facteurs d'adhésion, certaines ayant une structure fine et ondulente. Les gênes des facteurs de colonisation sont tous sur des plasmides qui codent également pour les toxines.

 

La toxine LT, apparentée à la toxine cholérique, est constituée de deux sous-unités polypeptidiques, elle a un poids moléculaire élevé. La sous-unité A a la capacité d'affecter la régulation du système adénylcyclasique (adényl cyclase) des cellules (en particulier entérocytaires), ce qui accroît la concentration de l'AMP cyclique dans la muqueuse. L'augmentation de l'AMPc intracellulaire agit de deux façons qui mènent à une fuite hydroélectrique (secrétion active d'eau) dans la lumière intestinale. Dans les cellules villositaires, elle entraine une diminution de l'absorption de Na+ (ion sodium) et donc de Cl- (ion chlorure) et d'H2O. Dans les cellules des cryptes, elle entraine un effet secrétoire direct en augmentant la sécrétion de Na+ et donc de Cl- et d'H2O. La sous-unité B formé par un agrégat de 5 monomères, est responsable de la spécificité d'adhésion de la toxine sur le ganglioside de la surface entérocytaire, le GM1. D'où la diarrhée aqueuse, riche en électrolytes.

 

La toxine ST est présente sous de 2 types, STa et STb. La toxine STa (ou ST1), petit polypeptide d'une vingtaine d'acides aminés, et dont le poids moléculaire est bas (environ 2000), entraine une activation de la guanylate-cyclase des entérocytes et cause une augmentation du GMP (guanosine-mono-phosphate) cyclique et une sécrétion hydroélectrolytique. Elle demeure toxique, même après avoir été chauffée à 100°C pendant 30 mn (thermostable). STa est soluble dans le méthanol, sensible aux pH élevés, à l'oxygène, à la chaleur. Le second appelé STb (ou ST2) a un poids moléculaire d'environ 5000 ; il est insoluble dans le méthanol, est résistant, en particulier à la chaleur.

 

La toxine LT est détruite en 30 min à 65°C (thermolabile).

 

La production de toxines LT et ST est donc contrôlée par des plasmides ; cela signifie que n'importe quel sérotype d'E. coli peut se transformer en une souche entérotoxinogène. Ces deux types d'entérotoxines sont cytotoniques. Elles ne tuent pas les cellules avec lesquelles elles entrent en contact mais produisent des troubles de croissance et du métabolisme à l'image de l'activité hormonale.

- Autres ressources internet concernant Escherichia coli -

 Page modifiée le 18/07/98 par B.PEIFFER