INTOXINATIONS CAUSEES PAR BACILLUS CEREUS

Le rôle de cette bactérie dans les maladies microbiennes liées aux aliments a été mis en évidence à partir de 1950. Des toxi-infections relativement fréquentes ont été signalées en Grande-Bretagne. En Hongrie, B. cereus intervenait au 3e rang des agents de toxi-infections entre 1960 et 1968. Les plats hongrois assaisonnés à l'aide d'épices étaient à l'origine de ces toxi-infections.

Bacillus cereus est un germe ubiquiste et tellurique qui appartient à la famille des Bacillaceae, bacilles formant des spores ovoïdes thermorésistantes (résistant à 100°C et donc à la pasteurisation) et situés en position centrale ou paracentrale, sans déformation du sporange, Gram +, mobile, de 1 à 1.2 um de large sur 3 à 7 um de long, catalase +. C'est une bactérie anaérobie facultative. Bacillus cereus est un fort producteur d'enzymes, il possède une phospholipase très active. Il peut réduire le nitrate en nitrite. Il peut métaboliser l'arabinose et le mannitol.

 

Intoxication généralement bénigne, causée par deux types de toxines : une toxine émétique (émétisante) et des entérotoxines (toxines diarrhéigène).

 

- Toxine émétisante :

Qualifiée d'émétique en raison de son action sur les centres nerveux contrôlant le vomissement. Elle est préformée, c’est-à-dire qu'elle se trouve dans l'aliment au moment où celui-ci est consommé. Elle est stable à 126°C pendant 90 mn, 4°C pendant 2 mois, de pH 2 à 11 et même en présence de trypsine et de pepsine.

Selon P. SNYDER de FOODSAFE, cette toxine ne serait pas détectable.

 

- Les entérotoxines :

On parle aussi d'agent diarréigène, de facteur d'accumulation de liquide, de facteur de perméabilité vasculaire, de toxine dermonécrotique et de toxine intestinonécrotique. Elles sont nécrosantes et létales, produites durant la phase exponentielle de croissance, en présence de glucose, entre pH 6.0 et 8.5 (optimum à 7.0 - 7. 5) et de 10 à 48°C avec un optimum vers 31-34°C. La lyse de la cellule n'est pas nécessaire pour la production de la toxine. Toutefois, la toxicité est perdue après la phase exponentielle. La toxine est instable entre 4 et 25°C ; elle est complètement inactivée par chauffage à 56°C pendant 5 mn. Elle est sensible à la trypsine et à la pronase. La toxine agit en stimulant le système AMP cyclique-adenylate cylase, ce qui provoque l'accumulation liquidienne dans l'intestin. Elle est de plus cytotoxique.

La température optimale de croissance est comprise entre 30 et 37°C, le temps de génération étant alors court (18 - 27 mn) et de 26-31 mn pour le riz bouilli maintenu à 30°C. Le domaine de température varie de 5 à 55°C et de 15 à 20°C pour quelques souches. La germination peut survenir à des températures allant de 5 à 8°C. La croissance ne survient que pour des valeurs de pH comprises entre 4. 5 et 9. 3 et des domaines d'Aw supérieurs ou égal à 0.95. La culture est inhibée en présence de nisine et d'acide sorbique (0.20%). Par contre, la croissance se poursuit jusqu'à une concentration en chlorure de sodium égale à 7.5 %.

 

Symptomatologie

Syndrôme diarrhéique : Une diarrhée aqueuse et profuse, des douleurs abdominales suivent de 6 heures à 15 heures la consommation des plats contaminés (10 heures d'incubation en moyenne) ; L'incubation peut démarrer après 1 heure selon "Bases de la microbiologie". Les vomissements sont très rares, la nausée est parfois ressentie. Les syndrômes disparaissent en moins de 24 heures.

Syndrôme émétique : La nausée, les vomissements surviennent après 1/2 à 6 heures d'incubation. Occasionnellement des douleurs abdominales, de la diarrhée accompagnent les vomissements. Les symptômes subsistent 6 à 24 H.

 

Aliments responsables

La toxine émétique semble associée à la consommation de riz frit alors que les entérotoxines sont reliées à la consommation de viande. L'effet est amélioré quand est ajouté le jus de viande (sauce).

Autres aliments : salade ou purée de pommes de terre, volaille au barbecue, viande hachée, haricots en salade, saucisson de foie, pâtisserie, sauce à la vanille, pudding, potages et bouillons de légumes, les légumes cuits et divers plats cuisinés et assaisonnements, les épices, les céréales.

Le riz préparé dans les restaurants orientaux est l'aliment responsable majeur, qu'il soit bouilli ou grillé, à côté d'aliments variés. Le lait, la poudre de lait écrémé, la crème pasteurisée sont parfois altérés par Bacillus cereus (formation de grumeaux) : ils sont refusés à la consommation.

 Les aliments impliqués dans des épisodes de toxi-infections alimentaires à B. cereus contiennent au moins 10^5 CFU de B. cereus/g.

Des souches de Bacillus subtilis et Bacillus licheniformis ont été isolées dans l'alimentation à base d'agneaux et de poulets lors de TIAC.

 

Autres sites

 

Dans le site de la FDA : Bacillus cereus and other Bacillus spp

Dans le site de Santé Canada : FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ - MATIÈRES INFECTIEUSES

Journal of Clinical Microbiology : Bacillus cereus phage typing as an epidemiological tool in outbreaks of food
poisoning
R Ahmed, P Sankar-Mistry, S Jackson, HW Ackermann, and SS Kasatiya

 J. Clin. Microbiol. 1995. 33:636-640. [Abstract] [PDF]
Résumé
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 Page modifiée le 11/10/00 par B.PEIFFER

  

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